L’insuffisance de toilettes publiques et de poubelles dans nos cités est à l’origine d’un faisceau de problèmes liés à la salubrité urbaine. L’un des revers les plus significatifs est la prolifération de « toilettes-en-plein-air » et de dépôts sauvages d’ordures ménagères. Les murs dépourvus de peinture, les buissons, ainsi que les terrains vagues servent sans pudeur de latrines publiques. Les abords de maquis fréquentés ne sont pas épargnés. Afin de convier les pollueurs impénitents au respect de la nature et du cadre de vie des populations, des messages muraux d’interpellation leur sont adressés. Ils sont pour la plupart communiqués avec un ton solennel, comparable à un décret émanent du dernier conseil des Ministres. On peut aisément lire « Il est formellement interdit d’uriner ici, amende 5 000 FCFA ». Cependant, ces messages fortement dissuasifs n’ont toujours pas les effets escomptés.
Comme si ces messages ne rencontraient pas destinataire, les toilettes plein-air et les poubelles par terre attirent toujours du monde. Les usagers aux besoins naturels plus que contraignants et pressants sachant à juste titre que jamais une amende ne serait versée feignent être aveugles. Au besoin ils crieront à l’arnaque.
Néanmoins, un autre type de graffitis et de pancarte semble produire les effets persuasifs escomptés. Il s’agit d’une communication plus agressive.
L’information a certes un caractère injurieux et belliqueux, mais elle est beaucoup plus dissuasive et plus convaincante. Elle s’avère même plus efficace que les poursuites de la police municipale.
Désormais, même les besoins naturels les plus immédiats et les plus pressants peuvent attendre. Car derrière ces messages à sonorité « gros-bras-tique* », l’on imagine qu’il se dissimule un malabar, à l’allure de Gnamakoudji Zékinan*.
Pour ce dernier type de communication, les résultats sont généralement sans appel, gratifiants même.
Et il l’est encore plus pour certaines autres stratégies à la pointe de la technologie, adoptés dans certains espaces. A l’espace Coca Cola au plateau par exemple, il est aisé de lire » interdit d’uriner surveillance camera« . Mais en attendant l’installation des cameras dans tous les couloirs d’Abidjan, la stratégie d’intimidation classique est profitable pour plus d’un.
Ces espaces autrefois si insalubres, qu’on ne pouvait s’empêcher de les arpenter, sans se pincer le nez, en pressant les pas pour ne pas troquer sa fragrance contre un relent insoutenable, font peu à peu peau neuve. En attendant que la pluie emporte tous ces milliers de mètres cubes d’urine, et de tonnes d’ordures loin, très loin.
Faut-il croire que l’Ivoirien ne respecte les règles que sous le coup des menaces ou de la chicote ?
En tout cas dans un État assez laxiste comme le nôtre, il faudrait tirer des leçons des faits aussi banals que ceux des tags et pancartes lisiblement agressifs mais efficacement contributrice à l’amélioration du cadre de vie des populations.
Gros-bras-tique; qui invite à la bagarre
Gnamakoudji Zekinan; personnage de BD (Gbich). Un bagarreur compulsif
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Thème intéressant. Sujet traité avec humour et agréable à lire. Bonne initiative que j’apprécie. Bonne chance pour la suite.
Merci pour vos encouragements cher Coach, ça fait plaisir, sachez que j’en suis vraiment très honorée.
bravo Edjasso Edjou! merci pour cet article ! tu attires l’attention sur des trucs qui nous font sourire depuis dans certaines rues d’Abidjan. J’aime bien surtout ce constat t que tu fais dans ce post, ces messages « gros-bras-tiques » selon tes mots, quoique grossièrement et gravement offensants pour la langue française sont à l’évidence très efficaces. J’en ai fait toujours l’expérience, je me garde toujours de sortir mon matériel là quand je vois ça !
Loool, Merciii akpassmandi cette page et moi sommes honorées de ton passage. Merci encore à toi pour les photos.